Des stocks silencieux
Dados Bibliográficos
AUTOR(ES) | |
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AFILIAÇÃO(ÕES) | CNRS, Aix-Marseille Université, EFS, Anthropologie bio-culturelle, Droit, Ethique et Santé, 27, boulevard Jean Moulin, 13005 Marseille, France |
ANO | 2024 |
TIPO | Artigo |
PERIÓDICO | Anthropologie et Sociétés |
ISSN | 0702-8997 |
E-ISSN | 1703-7921 |
EDITORA | Publisher 15320 |
DOI | 10.7202/1117434ar |
ADICIONADO EM | 2025-08-18 |
Resumo
Dans les contextes contemporains marqués par des crises de mortalité, la situation singulière dans laquelle se retrouvent certains restes humains invite à la réflexion. En effet, ces restes humains, bien qu'identifiés comme appartenant à des victimes de violences ou de catastrophes, et ayant fait l'objet d'expertises, et dans certains cas, ayant été individuellement identifiés, demeurent durablement stockés en attente d'un potentiel traitement funéraire ou patrimonial qui n'est jamais certain. Ces situations qui placent des restes humains en réserve, ou en marge du monde, font bien peu parler d'elles et n'ont pour l'instant suscité aucune étude comparative d'envergure. Or, ces stockages invitent à s'interroger sur l'état liminal dans lequel peuvent être durablement maintenus des restes humains, sur les enjeux (politiques, religieux, moraux) de la création de ces stockages et sur les motifs qui sous-tendent leur caractère durable. Prenant principalement appui sur plusieurs séries d'enquêtes ethnographiques conduites en Europe, en Amérique latine et en ailleurs, dans le cadre de deux programmes de recherche consacrés aux restes humains dans les contextes de violences de masse, cet article propose une réflexion sur ce que nous apprennent ces stockages de l'expérience que font certaines sociétés de la mort collective.